Âmes slaves

Depuis quatre ans que Marta Gardolińska nous fait explorer avec curiosité le répertoire de son pays, la musique polonaise a-t-elle encore des secrets pour les Lorrains ? Oui, et la cheffe nous le prouve encore cette année ! Pendant 50 ans, l’Histoire musicale européenne a été coupée en deux, et de nombreuses figures importantes restent injustement méconnues. 

Telle par exemple Grażyna Bacewicz, une des voix les plus indépendantes et originales de son pays dans les années d’après-guerre. Son Concerto pour violon n° 3 date de 1948, une période essentielle de son travail, marquée par le développement de plus en plus personnel d’un style dégagé de l’influence parisienne de ses années d’études auprès de Nadia Boulanger, tout en gardant l’extrême séduction orchestrale. 

Autre visage de l’âme slave avec la compositrice ukrainienne contemporaine Iryna Aleksiychuk, artistiquement engagée aujourd’hui dans la lutte de son pays pour sa survie. Go Where The Wind Takes You, œuvre dédiée au courage des femmes ukrainiennes, est inspirée d’un poème d’Olena Stepanenko, initiatrice du mouvement « War and Words » qui vient en aide aux combattants ukrainiens. 

Composées en 1878, les Danses slaves opus 46 de Dvořák ne sont pas des orchestrations de danses existantes, mais de pures créations originales d’un compositeur pour qui l’âme slave n’avait littéralement aucun secret ! Furiant, dumka, polka tchèque, sousedská, scočná : autant de rythmes populaires d’Europe centrale aux accents inimitables que Dvořák sublime et réinvente avec une authenticité plus vraie que nature. Le succès de ce recueil fut immédiat, et ne s’est depuis jamais démenti !