Danses
féeriques

La harpe fut un instrument discret mais omniprésent dans la musique française de la Belle Époque. Ses textures délicates et perlées, l’évocation d’une sonorité antique fantasmée, ses couleurs vibratoires : tout en elle la destinait à une esthétique où le symbolisme et bientôt l’impressionnisme donnaient le ton.

L’Antiquité imaginaire qui baigne les Deux danses de Debussy où alternent les modes dorien et lydien et les archaïsmes, tout comme les effluves diaphanes du lorrain Pierné dans son évocateur Konzertstück, trouveront ainsi sous les doigts de la talentueuse Alexandra Bidi, une nouvelle incarnation.

Autre lorrain, le symboliste et décadent Verlaine offre l’inspiration de ses Fêtes galantes où se croisent Watteau et la Commedia dell’arte aux très suggestifs Masques et Bergamasques de Fauré.

Ma Mère l’Oye est une des incursions de Ravel dans cet univers magique de l’âge tendre, où l’imagination règne en maître et, par la grâce d’un œil d’enfant, rend visible le merveilleux du quotidien qui nous entoure. C’est pour les enfants de ses amis Godebski qu’il compose cet ensemble de pièces qui revisitent en musique les contes de Perrault. La Belle au bois dormant, la Belle et la Bête, le Petit Poucet ou Laideronnette, l’Impératrice des Pagodes, tous s’y donnent rendez-vous dans le jardin féerique de l’orchestration ravélienne qui atteint ici des sommets d’évocation, de douceur et de sublimes mélanges de timbres pour nous ouvrir ce royaume aux multiples splendeurs.