Résistance

L’Étude pour orchestre à cordes est l’une des trois partitions de Pavel Haas qui nous soient parvenues de son activité créatrice à l’intérieur du camp de concentration de Terezìn (Theresienstadt). Ce camp de transit, installé par les Nazis pour parquer dans d’épouvantables conditions les artistes juifs célèbres d’Europe centrale avant leur déportation plus à l’est, vit en effet se développer une intense vie culturelle et artistique. Cette Étude fut ainsi composée pour l’orchestre à cordes constitué avec les moyens du bord dans le camp-ghetto par le chef d’orchestre Karel Ančerl. Par sa complexité et ses difficultés techniques, elle témoigne jusqu’aujourd’hui de l’intégrité et de l’exigence artistique que Haas put maintenir dans son art dans les plus atroces conditions. La partition fut créée par Ančerl et son orchestre au cour de l’été 1944, quelques semaines seulement avant que l’ensemble des protagonistes ne fut envoyé à Auschwitz, où ils furent assassinés dès leur arrivée le 17 octobre 1944. Karel Ančerl en fut le seul rescapé, qui après-guerre put faire revivre la partition.

Autour de cette œuvre poignante entre toutes, viennent se répondre trois partitions riches de contrastes. Null, de la compositrice ukrainienne Victoria Polevá, relève d’une esthétique proche de celle de Pärt ou de Vasks, en un minimalisme spirituel brûlant qui fait profondément écho à l’intensité de l’Étude de Haas. Le nostalgique Concerto d’Elgar comme la Sinfonietta de Poulenc nous ramènent quant à eux en terres plus amènes et réconfortantes.