Un air
de
printemps

Cette année à Nancy, le temps d’un concert, le printemps s’invite à contretemps pour mieux nous faire passer l’hiver !

Avec Johann Strauss II, ce sont les Voix du Printemps qui se feront entendre en prémices à son arrivée prochaine. Cette valse doit en effet son titre à un poème qui exalte tous les sons de la nature annonçant l’arrivée imminente de la saison du renouveau et qui tous réveillent dans les cœurs les désirs.

Sous ses airs de poème symphonique sur les saisons de l’année, la Symphonie n°3 de Noskowski cache en réalité une allégorie plus politique. Le compositeur et pédagogue, une des figures musicales les plus importantes du xix^e siècle polonais, était aussi un fervent patriote profondément marqué par l’insurrection polonaise de 1863 — tentative tragiquement avortée de secouer le joug russe. A travers sa description des paysages printaniers de son pays, et surtout à travers les danses et les citations d’airs populaires qui irriguent sa partition, Noskowski, 30 ans plus tard, déjoue la censure tsariste pour célébrer l’identité culturelle polonaise et en appeler, avec le retour plein d’espoir du printemps dans les toutes dernières mesures de l’œuvre, à un avenir lumineux pour son peuple. « D’un printemps à l’autre », en effet, l’autre étant celui de la Liberté.

A ces deux images de la belle saison, légère puis émancipatrice, s’ajoute avec Rachmaninov un sens psychologique. Car son Concerto pour piano n° 2 est dans son œuvre un véritable retour à la santé et à l’art après trois années d’un long hiver de dépression et de stérilité. Une œuvre en forme de psychodrame qui, en revisitant les étapes de son enfer, débouche sur la pleine puissance de la vie et de la création.