NOX#2
Le Nancy Opera Xperience ou NOX est un laboratoire de création lyrique. Son but est de repenser le mode de production d’un opéra pour imaginer de nouvelles formes : en invitant les artistes à travailler à long terme, en étroite connexion avec la ville et le territoire.
Pour sa deuxième édition, le NOX initie une collaboration sur deux saisons avec Mathieu Corajod. Compositeur, il fait partie d’une nouvelle génération d’artistes pluridisciplinaires pour lesquels la performance scénique est intrinsèquement liée à la musique.
Afin de vous donner accès au processus de création de ce nouveau projet, une présentation ouverte au public aura lieu dès cette saison.
Pouvez-vous nous présenter le projet que vous êtes actuellement en train de concevoir dans le cadre du Nancy Opera Xperience #2 ?
Mathieu Corajod : Il s’agit d’une pièce lyrique d’une vingtaine de minutes qui aura lieu à l’extérieur de l’opéra et créera ainsi une relation avec les Nancéien.ne.s. Un format populaire, entre mapping vidéo et flashmob, permettra à l'œuvre d’entrer en résonance avec la ville, tout en assumant des contenus musicaux et littéraires résolument contemporains. Le mapping vidéo se fera sur la façade de l’Opéra, métamorphosant l’architecture existante en scénographie théâtrale. L’opéra se déroulera place Stanislas, où sera installé, pendant la période des représentations, le Jardin éphémère qui invite à la détente, à la contemplation artistique et à la réflexion sur la nature et l’écologie. Nous développons des synergies avec ce jardin, qui constituera en quelque sorte la deuxième partie de la scénographie entourant le public et le chœur. Les thèmes principaux de notre opéra, à savoir la nature et les éléments tels que l’eau et le feu, résultent d’un dialogue engagé avec le Jardin éphémère et ses collaborateurs comme Stéphane Harter. Pour le public curieux d’opéra, le thème de la nature établira entre outre un lien avec l’opéra Like Flesh de Sivan Eldar, qui sera représenté pendant la même période à l’intérieur de l’Opéra.
Parlez-nous du dispositif sur lequel repose le projet ?
Mathieu Corajod : La pièce fait intervenir trois corps de métiers musicaux de l’opéra : un ensemble instrumental de 11 musiciens issus de l’Orchestre de l’Opéra national de Lorraine, qui sera amplifié et placé aux fenêtres de la façade de l’Opéra ; un choeur de 24 chanteurs et chanteuses qui sera disséminé autour de la place et au sein du public ; et enfin la chanteuse lyrique Viktoriia Vitrenko, qui interviendra dans un montage vidéo projeté sur la façade. Les vidéos et les éclairages de Victor Égéa ainsi que les éléments de scénographie imaginés par Clémence de Vergnette confèrent une vie et une profondeur particulière à cette façade. Mêlant création in situ en extérieur et art numérique, notre équipe tire des conséquences artistiques de la situation pandémique des deux dernières années, tout en nous inscrivant dans la tradition de l’opéra, que nous cherchons à renouveler.
Comment élaborez-vous les dramaturgies d’un projet qui s’inscrit ainsi dans l’espace public ?
Mathieu Corajod : La particularité d’un tel dispositif est que certaines personnes du public seront là pour assister à la représentation dans sa totalité, quand d’autres seront simplement des passants, qui arriveront au cours de la pièce, s’arrêteront un moment ou resteront jusqu’à la fin. L’idéal de cette pièce consiste à ce que des personnes étrangères à la musique contemporaine et à l’opéra s’arrêtent spontanément pour voir la production. Il faut que le public puisse s’accrocher à la pièce à n’importe quel moment. C’est pourquoi le livret ne peut être construit autour d’une histoire qu’il faudrait pouvoir suivre du début à la fin. La pièce propose donc moins une histoire linéaire, qu’une expérience de rêverie poétique sur le thème de la nature. L’opéra sera par conséquent constitué de plusieurs petites scènes qui créeront bien sûr une dramaturgie globale, sans qu’il y ait toutefois une finalité, un déploiement et le dénouement d’une intrigue. Le librettiste Dominique Quélen écrit plusieurs textes au ton poétique, quotidien ou ironique. En outre, l’opéra ayant lieu sur la place publique au regard de tous, le livret et la mise en scène devront prendre en compte toutes les sensibilités.
Quel sera l’objet du workshop organisé cette saison, qui permettra au public de découvrir le 2 avril une étape de travail ?
Mathieu Corajod : Cette semaine se partagera entre des séances de travail avec Viktoriia Vitrenko et avec les musiciens. Je cherche à développer avec ces derniers un langage scénique allant vers une certaine théâtralité en musicalisant leurs gestes. La base de ce travail repose sur certains mots de livret poétique de Dominique Quélen, que nous avons traduits en langage des signes. Cette semaine de workshop permettra notamment d’explorer ces différentes pistes et possibilités avec les interprètes.
Mathieu Corajod
En partenariat avec la Direction Écologie et Nature de Nancy et avec le soutien du Aargauer Kuratorium
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