“J'ai été témoin de la plus effroyable défaite de la raison et du plus sauvage triomphe de la violence qu'atteste la chronique des temps” : c’est en ces termes que Stefan Zweig ouvre Le Monde d’hier, ses mémoires qu’il achèvera en se donnant la mort en 1942. Alors que brûle la civilisation européenne, Zweig évoque la Vienne brillante et insouciante du siècle passé : la ville des beaux-arts et des poètes, de la musique et de la psychanalyse, cette ville dont le seul nom semblait pouvoir conjurer la barbarie et que deux Guerres mondiales devaient faire voler en éclats.
Don Juan n’incarne-t-il pas lui aussi cette mélancolie d’un monde qui s’éteint ? N’est-il pas celui qui fuit la réalité en multipliant à l’infini les conquêtes ? En résumant sa vie en trois temps - l’entrée en scène, la séduction puis la mort - le poème symphonique de Strauss (1889) lui tend le reflet implacable de sa défaite. Aux frasques du séducteur, la Romance en un seul mouvement pour violoncelle et orchestre du même Strauss apporte une douce consolation.
Inachevée, la dixième et dernière symphonie de Mahler (1910) fut sauvée in extremis par son épouse de la grande destruction des esquisses ordonnée par le compositeur à sa mort. Roman intime et musical, cette symphonie porte la marque de la crise qu’il traversa à l’été 1910 : la décomposition de sa relation avec Alma. Au soir de sa vie, Mahler parvient encore à nous surprendre par cette forme prophétique.
Orchestre de l’Opéra national de Lorraine
Jean-Marie Zeitouni
Morgan Gabin
Don Juan, opus 20
Romance en fa majeur, opus 13
Symphonie n°10 en fa dièse majeur, adagio
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